Africa 89, Prendre la pose
J’arrive en Côte d’Ivoire en 1989 avec un vieux Nikon F2 acheté chez dans la boutique d’un prêteur sur gage à New York. Le boîtier tient plus de l’objet magique, du Talisman, que de l’appareil photo. Le cliché y est si prégnant, qu’il interdit dès le départ toute nouvelle image. Mais ça, je ne le sais pas à l’époque. Je l’emporte partout avec moi. Rétrospectivement, j’imagine qu’il me servait de masque Africain. Représentation. Intermédiation. Protection. Transformation. Je crois que ça n’a pas beaucoup changé.
Ces images appartiennent à trois séries
Prendre la pose. Dans la rue, on me demande souvent de prendre une pose, c’est à dire de faire une image pensée dès le départ comme un cliché. Je me prête au jeu. Parce que c’est toujours le départ de quelque chose.
Le miracle. En échange de petits travaux de développement, le bureau d’Abidjan de l’AFP me donne l’accès à sa chambre noire. De temps en temps, ils m’invitent à faire des photos. Je sors avec un autre photographe pour aller voir une cérémonie au cours de laquelle est censée se produire un miracle. Faire des clichés (des formes qui ont perdu leur sens) sur un miracle (quelque chose d’impossible), c’était finalement l’exercice rêvé pour Uncharted Project, non ?
Marloboro country. Des images de rues dont les deux autres séries disent bien le programme in(avoué).